La fois où j’ai renoncé à la guérison




Dans les jours qui ont suivi ma réalisation que je n'étais pas l'actrice principale de ma propre vie, le King m'a amenée à voir quelques applications pratiques de cette épiphanie. C'est bien beau de philosopher, mais concrètement, qu'est-ce que ça vaut? L'idée n'est pas de devenir un fade personnage, sans caractère, ambition ni passion. Après tout, c'est Lui-même qui nous insuffle ce dynamisme intérieur. Le King m’a donc conduite à méditer sur comment reprendre ma place d'actrice de second rôle, un domaine à la fois. Le premier domaine que j’ai été amenée à explorer est celui de la santé.

J’ai toujours été remplie de foi pour la guérison divine. Depuis ma tendre enfance, j’étais convaincue que Dieu pouvait/voulait miraculeusement guérir toute maladie et toute infirmité. Et bien que je n’aie pas été témoin direct d’une telle guérison, j’ai transporté cette foi avec moi au fil des années. Oui, j’ai eu l’occasion d’écouter des témoignages de personnes guéries. J’ai vu des pasteurs à l’œuvre, j’ai entendu des histoires, j’ai même été préservée de douleurs ou de complications lorsque j’étais malade. Mais je n’ai pas encore eu le privilège d’être celle qui partage un témoignage de guérison divine pour moi ou pour un proche. Cela ne m’a pas empêchée de considérer la guérison divine et miraculeuse comme une évidence.

Jusqu’à ces dernières années… où j’ai vu mon état de santé ou celui de proches ne pas être restaurés malgré ma foi déterminée, mes prières et celles des autres. Jusqu’à ce que des êtres chers nous quittent, emportés par la maladie sur un lit d’hôpital, alors que là encore j’avais une foi aveugle et je faisais mes requêtes sans douter. Malgré l’abattement, après chaque défaite, la foi pointait à nouveau le bout de son nez. J’avais beau ranger mes livres sur la guérison au fin fond d’un tiroir, pour ne plus voir ces objets de frustration. Mais subtilement, ils faisaient leur retour sur ma table de chevet, quelques semaines plus tard.

Alors que j’entre dans cette phase de réalisation que moi, et les êtres qui me sont chers, nous ne sommes que des acteurs de soutien dans le film de nos vies, je me prends à considérer la guérison sous un angle nouveau. Après tout, ces corps ne sont que des enveloppes temporaires prêtées par le King pour mener à bien ses plans. Mon corps, qu’il soit parfaitement fonctionnel ou quelque peu défaillant, n’est pas ma possession, mais la sienne. C’est un peu extrême de voir les choses ainsi, surtout quand la douleur et la souffrance sont de la partie. Surtout quand il s’agit d’un proche, impuissant et vulnérable face à la maladie. À ce moment, ce n’est plus évident de philosopher, j’avoue! Mais le détachement est un chemin indispensable pour entreprendre cet exercice d’abandon total entre les mains du King. Mon corps et ma vie sont siens! Ainsi, le producteur et acteur principal du film de ma vie sait mieux que moi comment la guérison ou l’absence de guérison instantanée serviront ses intérêts. Je suis là pour lui donner un coup de main, lorsqu’Il le juge pertinent.

Certes, je continue de lutter pour être en excellente santé. De me battre pour prendre soin de ce corps, un des outils de travail qu’Il m’a confiés. Je m’assure d’être à l’écoute de son Esprit pour vérifier que je pose les bonnes actions, que je confesse les bonnes paroles, que je combats le bon combat. Et je ne me prive pas de crier à l’aide et de Lui demander courage, force et apaisement au milieu de tourments. Mais je décide aussi de lâcher prise et de ne plus me laisser mener par l’obsession de la guérison et de la victoire selon mes termes.

Je reste dans l’espérance. S’Il décide de nous guérir d’une manière ou d’une autre, je célébrerai son nom glorieux.

Je reste dans la confiance. S’Il décide d’utiliser cette maladie pour accomplir une œuvre plus grande encore qui mettra en évidence sa gloire et attirera plus de personnes à Lui, je Lui rendrai grâce pour le privilège qu’Il m’aura fait de jouer cette partition.

Dans tous les cas, c’est son film et Il sait mieux que moi ce qui sert à la gloire de son nom. Et je sais aussi une chose : Il a des projets de paix et non de malheur pour nous (Jérémie 29:11). Je sais que par ses meurtrissures, nous avons été guéris, que tout est déjà accompli, même si parfois, la manifestation est différée à la vie après la vie.

Et peut-être qu’au début, la déception pointera encore son nez. Peut-être que mon âme aura encore cette vieille tendance à se laisser glisser dans le découragement. À se demander si le King ne se rendrait pas coupable de "non-assistance à personne en danger", alors qu’Il a tous les pouvoirs entre ses mains. Peut-être que j’écraserai une larme d’impuissance en recevant un diagnostic ou en écoutant le récit de la situation d’un proche. Mais que promptement je me ressaisisse et me tourne vers mon producteur pour Lui demander ce qu’Il attend de moi comme next move. En effet, je sais qu’Il a déjà conçu la suite et attend simplement que je Lui dise : "je suis prête, conduis-moi à la prochaine étape", pour qu’Il me prenne par la main et marche avec moi sur le merveilleux chemin déjà tracé pour nous (Lui + moi).
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Fae
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